
Présentation
Découvrir l’œuvre de Loïs Frederick. En proposant le Catalogue raisonné des œuvres sur papier et sur toile, cela permet à un large public de réaliser combien le travail de Loïs Frederick, tout en étant ancré dans son époque, est à la fois singulier et accessible à tous. Au-delà d’une abstraction construite et sensible, c’est sa grande maîtrise de la couleur qui nous interpelle. Artiste à la croisée des cultures, elle construit au fil des années, une œuvre à l’écriture unique.
Après avoir étudié les beaux-arts à l’Université du Nebraska, puis au Kansas City Art Institute, Loïs Frederick reçoit en 1953 le très prestigieux Fulbright award. En 1954, phénomène très rare, Loïs Frederick remporte cette bourse une seconde fois. Comme beaucoup d’artistes américains, elle décide de se rendre à Paris pour parfaire sa formation artistique. Le parcours de l’artiste Loïs Frederick trouve logiquement sa place au sein de l’effervescence culturelle américaine à Paris. Loïs Frederick reste ainsi en contact étroit avec sa culture d’origine et demeure de ce fait une artiste fondamentalement américaine.
Jeunesse et formation de Loïs Frederick
Peintre américaine, Loïs Frederick naît et grandit au Nebraska. Ses œuvres sont empreintes de l’immensité de cette région des Grandes Plaines américaines et de ses climats de contrastes. Rien ne la prédestinait à devenir artiste et pourtant, elle a très tôt l’intuition de la couleur. Après avoir étudié les beaux-arts à l’Université du Nebraska, puis au Kansas City Art Institute, Loïs Frederick reçoit en 1953 le très prestigieux Fulbright award. En 1954, phénomène très rare, Loïs Frederick remporte cette bourse une seconde fois. Comme beaucoup d’artistes américains, elle décide de se rendre à Paris pour parfaire sa formation artistique. Le parcours de l’artiste Loïs Frederick trouve logiquement sa place au sein de l’effervescence culturelle américaine à Paris. Loïs Frederick reste ainsi en contact étroit avec sa culture d’origine et demeure de ce fait une artiste fondamentalement américaine.
Loïs Frederick, une peintre américaine à Paris
Installée à la Cité universitaire, elle se plonge dans l’effervescence de l’Abstraction d'Après-guerre à Paris. Le critique d’art Marcel Brion qui suit son travail l’introduit auprès du grand peintre de l’Abstraction lyrique et gestuelle: Gérard Schneider ; il deviendra son mari. Définitivement installée en France, Loïs Frederick reste une peintre profondément américaine. En 1956, elle contribue d’ailleurs à l’exposition collective Peintres abstraits américains de Paris de la Galerie Arnaud, présentée d’abord à Paris, puis qui voyagera en Allemagne. Ses toiles commencent aussi à rentrer dans des collections publiques : en 1953, le Denver Art Museum lui achète une toile et en 1954, c’est au tour du Nelson Atkins Museum of Art à Kansas City d’acquérir l’une de ses œuvres. En 1974, par la donation de la collection Gildas Fardel, une œuvre de Loïs Frederick entre au Musée des beaux-arts de Nantes.
Loïs Frederick participe aussi régulièrement aux évènements artistiques clés à Paris : le Salon de la Jeune Peinture (1954-1955), le Salon des Réalités Nouvelles (1957-1959), le Salon des Surindépendants (1962), le Salon d’Automne (1970-1983), le Salon Grands et Jeunes d’aujourd’hui (1971-1974). En 1963, elle est incluse parmi les artistes de l’exposition collective L’École de Paris à la Galerie Charpentier. Femme peintre, elle prend part également à l’exposition collective La part des femmes dans l’art contemporain à Vitry-sur-Seine qui déjà dans les années 1980 mettait à l’honneur le travail des femmes artistes, aux côtés de Sonia Delaunay, Joan Mitchell, Niki de Saint Phalle… Loïs Frederick participe d’autre part à l’exposition phare pour apprécier l’Abstraction lyrique: Aspects de l’Art abstrait des années 1950, une exposition collective itinérante qui circulera dans toute la France entre 1988 et 1989, avec des œuvres de Pierre Soulages, Hans Hartung, Gérard Schneider, Chu Teh-Chun, Zao Wou-Ki, Nicolas de Staël, Maria Helena Vieira da Silva…
Loïs Frederick, une peintre du Colorfield Painting
Rien ne prédestinait Loïs Frederick à être peintre et pourtant elle a très tôt l’intuition de la couleur. Marquée par Henri Matisse pour ses chocs chromatiques et Mark Rothko pour la vibrance de la couleur et la quête de la lumière, son œuvre se rattache pleinement au Colorfield painting américain. L’artiste travaille en effet par aplats la couleur qu’elle emploie par strates, supprimant toute profondeur dans l’œuvre. Issue des plaines agricoles du Nebraska, Loïs Frederick est une terrienne qui crée dans ses œuvres une abstraction solidement construite, travaillée dans la verticalité. C’est la brosse appliquée, déroulée sur la toile dans un processus de création lent et maîtrisé, qui structure son œuvre, employant la technique picturale mise au point par Hans Hofmann du push and pull, dans laquelle les couleurs posées en aplats denses, «avancent » et « reculent » sur le support, créant un réseau de contrastes dans l’espace pictural. De plus, la brosse déroulée s’arrête bien avant le bord de la toile créant un réseau de masses colorées à la fois solidement construit et un espace flottant, propice à un espace méditatif. Avec ses larges champs colorés, Loïs Frederick invite le spectateur à une expérience immersive dans l’œuvre: une expérience directe avec la couleur, avec la lumière, dans un espace sans ligne d’horizon.
Loïs Frederick, l’acrylique et la fluorescence
À la fin des années 1960, un nouveau médium révolutionne la peinture de Loïs Frederick : l’acrylique. Elle permet d’enrichir encore la palette de l’artiste. Les couleurs sont vives, éclatantes, fluorescentes. La couleur envahit tout: Loïs Frederick rejoint ses compatriotes américains du color field et du all over. Le tableau n’a plus de sens, de bord, de centre. Clément Greenberg disait à propos de Barnett Newman, de Mark Rothko et de Clyfford Still: «They attempt to expel every reminiscence of sculptural illusion by creating a counter-illusion of light alone – a counter illusion which consists in the projection of an indeterminate surface of warm and luminous color in front of the actual painted surface.» (Ils tentent d’expulser toute réminiscence de l’illusion sculpturale en créant une contre-illusion de la lumière seule – une contre-illusion qui consiste en la projection d’une surface indéterminée de couleur chaude et lumineuse devant la surface peinte réelle.)
En 1986, Loïs Frederick perd son mari Gérard Schneider, le grand pionnier de l’Abstraction lyrique. Elle met son art totalement en retrait pendant quinze ans et travaille à la promotion de l’œuvre de ce grand artiste. Dans l’ombre, Loïs Frederick passe de femme artiste à femme d’artiste.
Au début des années 2000, c’est un phare de voiture perçant le brouillard qui ramène Loïs Frederick à sa quête de la lumière. Elle se remet à la peinture, poussée par un élan vital « La hantise américaine, c’est que les feux s’éteignent.» L’artiste crée alors de sublimes explosions solaires, où la couleur diluée vient illuminer un fond blanc et d’éblouissants clairs obscurs, où la couleur vive tranche avec un fond noir. Cette quête de la lumière la pousse à déployer de larges brosses aux couleurs fluorescentes, stridentes où la couleur diluée vient illuminer un fond blanc et d’éblouissants clairs obscurs, où la couleur vive tranche avec un fond noir.
Loïs Frederick a fait le choix de passer sa vie en France. Cependant, comme ses compatriotes d’outre-Atlantique installés à Paris, elle n’en reste pas moins une artiste américaine. Nourrie par le souvenir des paysages de son enfance, Loïs Frederick crée une œuvre authentique et personnelle.
Loïs Frederick s’éteint à Paris en 2013.